Quelques constats sur l’absentéisme
Toutes les entreprises se retrouvent un jour ou l’autre confrontées à l’absence d’un de leurs collaborateurs suite à une absence plus ou moins longue : une longue maladie, un accident, un épuisement professionnel,…Depuis quelques années, les chiffres liés à l’absentéisme ne cessent d’augmenter : à n’en pas douter, la gestion des absences et la réintégration des personnes absentes pour une durée plus ou moins longue sont plus que jamais à l’ordre du jour.
En quoi cette thématique concerne- t-elle votre entreprise?
Tout d’abord, les travailleurs belges, comme tous les travailleurs européens, devront rester actifs plus longtemps sur le marché du travail. Cela signifie pour les travailleurs qu’il faudra veiller à conserver une bonne santé et une employabilité tout au long de leur carrière qui sera de plus en plus longue, et pour les employeurs qu’il faudra apprendre à composer avec des temps d’absentéisme qui guettent tous les travailleurs, y compris les plus âgés. Pour ces derniers, c’est l’absentéisme de longue durée qui risque de poser souci : en effet, certains d’entre eux pourraient demeurer éloignés un certain temps de la vie professionnelle à cause de maladies chroniques liées à leur avancée en âge. Cependant, les plus jeunes également ne sont pas à l’abri des absences de longue durée, sans doute pour d’autres raisons tels que l’épuisement au travail, des problèmes locomoteurs, …
Ensuite, les coûts liés aux absences de longue durée sont supportés en grande partie par la sécurité sociale et la collectivité. Et dans un contexte de crise économique et de compression des coûts, il convient de se demander pour combien de temps encore ?
La compétitivité des entreprises est aussi au cœur des débats sur l’absentéisme. Comme le précise une étude réalisée par Partena et l’Union Wallonne des Entreprises (2016), la compétitivité des entreprises se mesure notamment par le degré d’activité et de productivité de leurs salariés et par l’importance de leurs absences au travail. (…) Par ailleurs, les absences des salariés, quelles que soient leurs origines, ont un impact sur la productivité et la rentabilité des entreprises ; elles imposent également la nécessité d’optimaliser l’organisation du travail ainsi que le fonctionnement de l’entreprise afin de garantir sa compétitivité*.
Enfin, il y a surtout la surcharge de travail générée par l’absentéisme : en effet, la répartition du travail des absents sur les collègues directs est à l’origine non seulement d’une surcharge de travail pour pallier aux absences, mais aussi d’un épuisement des collègues présents qui risquent à leur tour de rejoindre le camp des absents pour raison d’usure professionnelle tant physique que mentale.
Alors, convaincus ? Même si la gestion de l’absentéisme dans ses différentes dimensions constitue un exercice d’équilibre délicat, tant pour les collègues, les managers, le service des ressources humaines que pour la personne absente, c’est surtout une opportunité pour repenser l’organisation du travail et pour remotiver ses troupes.
Que faut-il faire pour éviter que l’absentéisme ne prenne trop d’ampleur dans une entreprise ?
Tout d’abord, les entreprises doivent définir et mettre en place une politique claire et homogène en matière de prévention de l’absentéisme.
Concrètement, la gestion de l’absentéisme implique, au quotidien, un suivi régulier des absences par l’encadrement et un reporting fréquent du taux d’absentéisme à la direction afin de diminuer le taux d’absentéisme grâce à des actions ciblées.
Afin d’éviter que le phénomène d’absentéisme ne fasse tache d’huile dans l’entreprise, il convient également de détecter les signes avant-coureurs de l’absentéisme et de les analyser en les recoupant avec différentes données, telles que la satisfaction au travail des collaborateurs, la satisfaction des clients, le suivi de la qualité, le respect des normes de sécurité, la qualité des relations entre les membres d’une équipe, le stress ressenti au travail,…
Ensuite, la hausse accélérée des absences de longue durée nécessite surtout une politique de réintégration, c’est-à-dire, un accompagnement lors de la reprise des activités. Ne nous voilons pas la face : reprendre le travail après une absence plus ou moins longue n’est aisé pour personne ! Lors de la reprise du travail, la personne qui a été absente va être confrontée au changement que ce soit à son poste de travail ou dans son équipe. Et pour que ce changement soit vécu le mieux possible, rien de tel qu’un accompagnement par un collègue qui facilitera le retour au travail et qui permettra la remise à niveau des connaissances nécessaires à l’exercice de la fonction. La question du comment faire pour accompagner la reprise du travail et la réintégration des collaborateurs absents depuis un certain temps est elle aussi cruciale et devrait idéalement être soutenue par un dispositif RH spécifique comparable à celui qui est mis en place pour accueillir les nouveaux collègues.
Que l’on se rassure : les efforts fournis pour accompagner la reprise du travail ne seront pas vains ! Une réintégration réussie débouchera sur un maintien durable dans l’emploi et contribuera à diminuer le taux d’absentéisme!
Et la motivation dans tout cela, comment la maintenir contre vents et marées ?
Quelle que soit la situation d’absentéisme rencontrée, un responsable d’équipe doit pouvoir en parler en confiance sans pour autant en arriver à une situation conflictuelle et sans démotiver les personnes concernées.
Face à un taux d’absentéisme plus ou moins important, tout responsable doit s’interroger sur les causes organisationnelles possibles et se demander ce qu’il faut mettre en place dans son équipe pour susciter l’engagement de ses collaborateurs dans leur travail quotidien, comme par exemple :
- Le type de management à privilégier afin de responsabiliser chaque membre de l’équipe dans son travail
- Les opportunités à saisir pour développer la créativité et la prise d’initiatives de tous
- La gestion des résistances face au changement
- Les possibilités de mobilité interne ou les affectations sur des projets innovants
- La participation à des dispositifs de formation continue pour développer de nouveaux talents.
Toutes ces initiatives et bien d’autres encore ont non seulement un impact positif sur la motivation au travail et la création de sens au quotidien, mais permettent également de lutter à terme contre l’usure professionnelle et le désengagement.
En conclusion
Ne perdons pas de vue que la progression continue de l’absentéisme risque à terme d’avoir un impact négatif sur la compétitivité des entreprises qui ne prendraient pas de mesures spécifiques pour limiter ce phénomène, à défaut de pouvoir l’enrayer de manière définitive. Et, comme la durée de la vie professionnelle va continuer à s’allonger, de nombreux risques d’absentéisme guettent les salariés de tous âges : stress excessif, démotivation, désengagement, usure professionnelle, épuisement, …Pour continuer à développer leurs activités, les entreprises vont devoir apprendre à articuler des moments d’absence d’une durée plus ou moins longue avec des temps de réintégration afin de favoriser le maintien durable de leurs salariés dans la vie active.
Nous donnerons le mot de la fin à A. Comte, qui précise : « Savoir pour prévoir, afin de pouvoir » ! Cette ligne de conduite s’applique assurément aux actions de prévention à mettre en place pour diminuer le taux d’absentéisme et à la gestion des absences quotidiennes.
A bon entendeur…
* Partena et Union Wallonne des Entreprises (2016), Les absences au travail 2014-2015, Evolution de la situation en Région Wallonne de juillet 2014 à juin 2015 – FOCUS : Retour sur quatre causes d’absence marquantes de ces dix dernières années, p.4.